A Logbaba-Ndogpassi, la vie change avec le bitume

Il n’est plus là ! Plusieurs riverains de la toute nouvelle route de Logbaba (à la lisière de la zone industrielle de Bassa) à Ndogpassi parlent pourtant de ce chauffeur comme du « meilleur témoin » de la transformation que subissent ces quartiers. Depuis deux semaines, quelque trois kilomètres sur cinq et demi sont entièrement bitumés et recouvrent de leur belle robe noir foncé le souvenir de la mauvaise route. A l’époque d’avant le bitume, c’est-à-dire le long des trente dernières années, des fondrières développées par les pluies succédaient au crapahutage et à la sensation de rouler sur un tapis d’alvéoles en saison sèche.

Le chauffeur dont on parle ici avec tendresse était alors pratiquement seul, à accepter de « casser » sa voiture sur la route de Ndogpassi durant la saison des pluies précisément. « Gentil et passablement rancunier, il connaissait pratiquement tout le monde. Quand vous aviez la mauvaise idée de bouder sa guimbarde pendant la saison sèche où le nombre de transporteurs augmentait, il s’interdisait de vous rendre le moindre service durant les périodes où la circulation était plus pénible, celles de la saison pluvieuse », témoigne Ernest Epoupa, natif du coin.

Ce passé on s’en souvient en rigolant depuis plusieurs mois que le profil de la route s’est dessiné, recouvrant par des casses sur ses deux bords, les centimètres et même des mètres rognés par les constructions alentour. Mais c’est tant mieux pour l’apprentissage de la citoyenneté, estime Roger, la trentaine et sans emploi fixe. Ce sera peut-être le premier gain de cette route, d’ouvrir Ndogpassi au trafic routier d’une ville en expansion et où l’on considérait jadis de telles destinations comme des terminus de banlieue.

Pour beaucoup de petits commerçants, artisans, le meilleur est d’ailleurs à venir. Ils ne croient pas que le petit marché de Ndogpassi rivalisera avec l’autre du même nom, plus grand, sur la grande route qui mène à Yaoundé. Néanmoins, en devenant plus accessible, il s’animera davantage de transactions locales. « Au lieu d’aller à Ndokoti comme avant le bitumage de la route, il y aura plus de marchandises sur place. On a tant dépensé en frais de taxi », se satisfait Mélanie Mbe. Elle pressent aussi la hausse des loyers, bien qu’elle soit logée dans une résidence familiale. La bonne nouvelle est donc pour les propriétaires de villas ou appartements à louer. Ou encore pour l’usine à gaz reliée par une bretelle. Et la mauvaise pour les actuels et futurs locataires.

Derniers à ne pas être complètement satisfaits de la disponibilité de l’infrastructure de transport, les parents de jeunes enfants et les usagers inquiets. « Les dos-d’âne sont nécessaires par endroits comme au début de la route. Depuis ces quelques jours passés avec le bitume, les conducteurs de moto font des courses folles et il y a déjà eu des accidents », regrette Tapamo, en parlant des autres « bendskineurs ». — Source : Cameroon Tribune

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