Depuis quelques mois, les habitants des quartiers Obobogo et Damase ne cachent plus leur bonheur. La poussière qu’ils avaient longtemps avalée n’est plus aujourd’hui qu’un triste souvenir. C’est que la route reliant le carrefour Nsam au Rond-point Damase est bitumée. « Enfin, nous aussi nous pouvons marcher sur le serpent noir », confie un riverain. L’expression « Serpent noir » illustre ce goudron qui a été récemment posé par la société Razel. « Si mon père mort en 2010 revenait, il ne se retrouverait pas dans ce village où il a vécu », affirme Chantal Ngono, autochtone du quartier Damase. La jeune dame est émue par les changements qui ne cessent de s’opérer dans le quartier depuis le bitumage de la route principale.
De part et d’autre de l’axe allant du lieu dit Obobogo au Rond-point Damase, se dressent de nouveaux immeubles. Bon nombre sont encore en chantier, mais leur seule présence suffit à donner un visage plus agréable et moderne au quartier. Ici, l’ambiance a également changé, surtout la nuit : restaurants, snack-bars et autres hôtels attirent du monde dans cette zone moins fréquentée auparavant à cause de l’enclavement. Les lampadaires qui illuminent désormais la chaussée, donnent plus de courage aux noctambules dans leurs balades. « Avant, les malfrats faisaient leur loi une fois la nuit tombée. Il nous était impossible de sortir au-delà de 19h », souligne un jeune du quartier. Au Rond-point Damase, un poste de police est opérationnel.
Hélas, la route n’a pas fait que des heureux. En effet, certaines familles savent désormais que « la route tue » aussi. C’est le cas de la famille Ottou qui est loin d’oublier son fils récemment écrasé par un véhicule roulant à vive allure. Pareil pour Nadine Essoùba Effa, qui y a perdu une jambe parce que renversée par un camion. C’est que sur ce tronçon, bien d’autres automobilistes et motocyclistes se laissent aller à appuyer sur l’accélérateur : l’asphalte est si lisse. « On dirait que certains viennent tester les capacités de leurs bolides ici. Des accidents, il y’en a vraiment beaucoup », soutient Nadine E. Malgré son handicap, la jeune femme comme ses frères, est contente de l’évolution de son quartier. Les travaux de bitumage du tronçon Obobogo-Rond-point Damase ne sont en réalité pas encore livrés. L’entreprise chargée de les exécuter doit encore tracer et monter les trottoirs. Mais en attendant, Obobogo et Damase soufflent déjà le vent de la modernité. — Source :