Durs, durs, sont les mots qu’utilisent les populations des villages situés entre Mengong et Sangmelima pour décrire ce qu’elles appellent : « le calvaire de la route aujourd’hui. Au-delà des mots, la simple évocation du sujet relatif aux travaux d’aménagement de cet axe routier peut provoquer une altercation. C’est qu’en réalité, l’espoir, né avec le début des travaux de bitumage en août 2011, s’est rapidement évanoui. Ici et là, on est bien convaincu qu’à ce jour, la route serait déjà livrée, rendant facile la circulation entre Sangmelima, chef-lieu du département du Dja-et-Lobo, et Ebolowa, la capitale régionale du Sud.
Ce samedi, 12 juin, il a plu des cordes sur la zone la nuit précédente. En quittant l’axe Ebolowa-Mbalmayo-Yaoundé pour s’engager, au niveau de Mengong, sur la route qui mène à Sangmelima, l’on se rend bien compte que les 74 kilomètres à parcourir ne seront pas une partie de plaisir. De Koungoulou à Melane, de Mefiep à Nnemeyong, de Enyeng à Ababita, la route, sur la trentaine de kilomètres, livre un bel éventail de difficultés aux voyageurs. Ici, il faut, même pour le conducteur le plus habile, faire montre d’une dextérité avérée. Plus loin, il faut se laisser aller sur une descente. Le surf, aggravé par un sol boueux, amplifie la difficulté qu’il y a à suivre absolument « les rails », autrement dit les deux sommets laissés sur les bandes de roulement de la route par le ruissellement des eaux de pluie. Pas forcément équidistants, il ne faut surtout pas sortir de « ce chemin tracé », sinon vous vous sentirez obligé de faire appel aux bonnes volontés pour vous aider à sortir du bourbier… Plus loin, il faut négocier un croisement au micron près, sur cette chaussée étroite où les engins à deux roues ont le statut de « rois de la route ».
Le tronçon Nkoleteto-Evelessi, un autre parcours du combattant qui prend provisoirement fin au carrefour Zo’ebefam, après le calvaire d’Evelessi-Stade, de Bilon et de Nfefe-Nlam. A Zo’ebefam, le voyageur a, à ce niveau, le choix d’emprunter, à droite, l’axe de 38 km qui débouche au quartier Monavebe, à Sangmelima. Mais, en restant sur l’axe principal, il faut bien se résoudre à rester sur le tracé officiel qui passe par le village Avebe, sur une distance de 42 km. De Zo’ebefam à Avebe, la voie a longtemps perdu les qualités classiques d’une route. L’herbe a envahi la chaussée. Une présence renforcée par des arbustes qui y ont trouvé place. La route n’est plus qu’une piste que seuls les motocyclistes défient. Ici, c’est une rivière qui traverse le reste de chaussée. Là, la dégradation a atteint une proportion plus qu’alarmante…
Arrivé à Avebe, on retrouve les terrassements faits par la société espagnole Galdiano, qui a quitté le site. De leurs dires, les habitants des villages tout au long du tracé se disent « abandonnés à eux-mêmes » et « impuissants face à ce qui leur arrive ». Les tarifs de transport sont passés du simple à plus du double. « Pour aller d’Evelessi à Sangmelima, on payait 1000 F. aujourd’hui, il faut débourser 2500 F », déclare une habitante. Pour Paul Emile Medouane Bisse, chef de village de Nkoleteto, les populations doivent savoir que lorsque l’Etat a décidé de faire quelque chose, il le fera. En attendant, la population vit sa souffrance. — Source :